La Théorie de la causalité adéquate

Définition & Exemple

I) Définition

La théorie de la causalité adéquate désigne une méthode particulière afin de caractériser ou non l’existence d’un dommage. Celle-ci considère que lorsque de multiples causes peuvent être à l’origine d’un dommage, il est nécessaire de les hiérarchiser afin de déterminer laquelle est décisive, et de ne retenir qu’elle. Elle se différencie de sa « rivale », la théorie de l’équivalence des conditions, car elle revient à rechercher l’unique cause de la survenance d’un dommage, d’où son nom.

Dès lors, le juge va devoir effectuer un travail de discernement complexe afin de déterminer quelle est la cause ayant joué de façon décisive dans la survenance du dommage, en fonction de ce qui est normalement prévisible. Cette théorie revient donc à étudier le degré d’implication de chaque fait générateur ayant contribué, peu ou prou, à la survenance du préjudice.
Dès lors, celle-ci peut être sujette à de diverses critiques :

Toutefois, elle présente également des avantages certains en comparaison de la théorie de l’équivalence des conditions :

II) Exemple

La Cour de cassation a eu l’occasion d’utiliser la théorie de la causalité adéquate dans un arrêt de la 2e chambre civile, en date du 5 mars 2020. En l’espèce, un policier avait poursuivi un cyclomoteur ne s’étant pas arrêté à un feu rouge et avait chuté durant la poursuite, à la suite de quoi il se blessa. Il réclame alors des réparations pour le préjudice subi, à savoir les blessures occasionnées par la chute.
Lors de son pourvoi en cassation, il se base sur la théorie de l’équivalence des conditions afin d’affirmer que le refus d’obtempérer du motard constitue l’un des faits générateurs de son préjudice, en réponse à la cour d’appel qui avait affirmé qu’il ne pouvait « être légitimement soutenu que le conducteur du scooter a occasionné des blessures à M. X… par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation de prudence ou de sécurité prévue par la loi ou le règlement ou l’a délibérément exposé à un risque d’une particulière gravité qu’il ne pouvait ignorer et ce dans la mesure où les violations qu’il a commises au code de la route et le refus d’obtempérer ne sont pas en lien direct et certain avec ces blessures qui sont la seule conséquence de la chute purement accidentelle de M. X… qui reconnaît d’ailleurs avoir glissé avant de tomber ».
Ainsi, le refus d’obtempérer constitue, selon la victime, une cause du préjudice en le sens que sans ce même refus, la chute n’aurait jamais eu lieu. En parallèle, il affirme que même selon la théorie de la causalité adéquate, la responsabilité majeure revient au refus d’obtempérer du cyclomoteur, qui est finalement à l’origine de « la cause de la cause », c’est-à-dire la chute à l’origine des blessures.  

La Cour de cassation a alors utilisé la théorie de la causalité adéquate, mais avec une conclusion différente : le fait adéquat est la chute du policier, cause directe de la survenance des blessures, et non le refus d’obtempérer du cyclomoteur. En effet, il n’est pas insensé de penser que si le policier avait eu une meilleure maitrise de son véhicule, la course poursuite née du refus d’obtempérer n’aurait jamais mené à une chute.

En choisissant cette théorie, elle s’épargne alors de prendre en compte une multitude de facteurs ayant joué des rôles bien plus minimes dans la survenance du dommage que le fait majeur, qui est celui qui a concrètement mené au préjudice, à savoir la chute du policier.
Si elle avait utilisé la théorie de l’équivalence des conditions, la responsabilité aurait dès lors pesé également sur le cyclomoteur, malgré le fait qu’il ne soit pas la cause directe du préjudice.

D'AUTRES FICHES QUI POURRAIENT VOUS INTÉRESSER...

théorie de l'empreinte continue du mal

Théorie de l'équivalence des conditions

théorie de la proximité des causes